Diva Admin
Messages : 442 Date d'inscription : 10/03/2009
| Sujet: Poème de Jacques Prévert Ven 26 Juin - 12:38 | |
| DÉJEUNER DU MATIN
Il a mis le café Dans la tasse Il a mis le lait Dans la tasse de café Il a mis le sucre Dans le café au lait Et il a reposé la tasse Sans me parler Il a allumé Une cigarette Il a fait des ronds Avec la fumée Il a mis les cendres Dans le cendrier Sans me parler Sans me regarder Il s'est levé Il a mis Son chapeau sur sa tête Il a mis Son manteau de pluie Parce qu'il pleuvait Et il est parti Sous la pluie Sans une parole Sans me regarder Et moi j'ai pris Ma tête dans ma main Et j'ai pleuré. Jacques Prévert | |
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anthony Admin
Messages : 428 Date d'inscription : 10/03/2009 Age : 63
| Sujet: Re: Poème de Jacques Prévert Dim 28 Juin - 9:34 | |
| Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante Épanouie ravie ruisselante Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara Toi que je ne connaissais pas Toi qui ne me connaissais pas Rappelle-toi Rappelle-toi quand même ce jour-là N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait Et il a crié ton nom Barbara Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie Et tu t'es jetée dans ses bras Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie Je dis tu à tous ceux que j'aime Même si je les ai vus qu'une seule fois Je dis tu à tous ceux qui s'aiment Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse Cette pluie sur la mer Sur l'arsenal Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé C'est une pluie de deuil terrible et désolée Ce n'est même plus l'orage De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages Qui crèvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin très loin de Brest Dont il ne reste rien.
Jacques Prévert | |
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